Cette maison ouvrière avait un RDC sombre, de petites pièces au plafond bas et un rapport avec le jardin orienté au Nord. L’étage, au contraire, était lumineux et les combles inexploités.
Les enjeux de ce projet, malgré un budget restreint, étaient multiples :
. Trouver un séjour lumineux, au volume généreux et ouvert sur le jardin.
. Maximiser le nombre de chambres dans le temps.
. Mettre en œuvre des matériaux naturels et apparents donnant du caractère.
Pour répondre à ces ambitions, en contradiction avec les volumes, l’orientation et le budget, il fallut travailler en coupe avec un plan rationnel et évolutif :
. Les combles sont retrouvés pour agrandir le volume et apporter la lumière zénithale à l’aide d’un grand puits de jour central.
. En récupérant ce volume, le plancher du R+1 côté jardin peut être surélevé pour offrir 60 cm supplémentaires à la hauteur du séjour.
. En plan, un grand mur central divise la maison en deux parties distinctes. La première, plus étroite, regroupe circulations et zones techniques. La deuxième, plus large, est dédiée aux chambres et aux espaces de vie.
. Afin d’optimiser la surface, les circulations sont réduites au maximum. Au RdC, un petit couloir (2.5 m2) dessert à la fois séjour, buanderie, WC, entrée et garage. A l’étage, un palier de la même surface donne accès aux chambres, salon, WC, suite parentale et salle de bain.
. Cette optimisation a aussi la vertu de regrouper les réseaux des zones techniques simplifiant le projet et donc son coût tout en offrant plus de surface et la possibilité de venir brancher 4 petites chambres au palier du R+1.
Enfin, une réflexion s’est portée sur le dimensionnement des chambres. Ces dernières, d’habitude normées, prennent une part trop importante au détriment des zones de vie et de partage. Nous préférons dormir dans des espaces simples, petits, bien pensés et rangés pour laisser deux espaces généreux dédiés aux usages de la communauté. Ces deux grandes pièces, reliées visuellement par un vide central, irriguent de lumière et de joie l’ensemble de la maison.
Ce plan s’exprime aussi par la mise en œuvre de matériaux naturels et biosourcés choisis selon les usages :
. Des plaques de Fermacell, apparentes et calepinées, sont utilisées dans les zones techniques pour gérer les réseaux et l’étanchéité des salles de bains. Ces plaques, réalisées à partir du recyclage de papier et d’habitude enduites, sont mises en valeur dans un souci esthétique mais aussi économique.
. Le grand mur central structurel composé de bois/chaux/chanvre de 14 cm d’épaisseur offre une inertie conséquente tout en régulant l’hygrométrie de l’ensemble de la maison.
. Les murs extérieurs sont isolés grâce à cette composition de chaux/chanvre permettant aux murs de respirer et ainsi gérer la ventilation de la maison de manière naturelle et autonome.
. Les sols complètent l’expression du plan. Dans les espaces de vie et les chambres, le vieux parquet en pin recouvert de moquette, est restauré. Les zones techniques et de circulations sont quant à elles couvertes de tomettes en terre cuites de récupération.
La mise en œuvre de ces matériaux offre une ambiance apaisée conjuguée avec une atmosphère d’une rare intensité. Ici le regard n’est pas le seul sens stimulé par l’architecture.
en collaboration avec Perrine Vittonatto Lartigau Architecte
© C’est Eux