L’architecture est une culture, un monde de rencontres de personnes et de lieux, d’usages, d’images et d’idées. Les modes de donations de l’architecture sont multiples ; nous essaierons d’en démêler les figures entrelacées.
Cette partie de notre site est un bric-à-brac, une synthèse de préoccupations, parfois trentenaires, un puzzle dont l’assemblage progressif s’étendra sur des mois ou des années…
Cet arbre de sujets se veut également un mode d’emploi de la bibliothèque de notre agence, très fournie et donc intimidante. Chaque livre y a été désiré, il est bon d’en comprendre les raisons.
Quelques idées insistantes, esquisse d’une bibliographie générale de l’agence.
« L’art, c’est des formes et des idées. » Cette phrase assez simple est développée en cinq (petits) volumes dans L’histoire philosophique des arts de Carole Talon-Hugon, présente en livres et en fichiers audio au sein de l’agence, et qui détaille méthodiquement l’émergence de ce que nous appelons, en occident, « art » et ses différentes fonctions.
Dans quelle mesure l’architecture est-elle un art ? Cette question a donné lieu à de multiples réponses. Celles qui nous intéressent ne sont pas péremptoires. Adolf Loos au début du XXème siècle, relayé par les écrits d’Aldo Rossi au milieu des années 60, pense que seuls le monument et la tombe sont les programmes potentiellement porteurs d’architecture. Heinrich Tessenow (dont la pensée se prolonge dans les écrits de Giorgio Grassi) estime que l’architecte est avant tout un artisan qui, peut-être, produira un peu d’art.
Deux grands thèmes articulés, correspondant à la respiration existentielle qui nous fait juger : « c’est beau ! » et/ou simplement dire « on se sent bien ! » :
1. L’architecture comme discipline (« c’est beau »), en trois chapitres :
A. Les idées générales sur l’être de l’architecture, ce qu’est l’architecture. Eupalinos ou l’architecte de Paul Valéry (+ notes de lecture HT), largement utilisé dans Le philosophe et l’architecte de Daniel Payot (Aubier).
Deux autres sous-ensembles sur cette question de ce qu’est l’architecture (au fond LA question de toute théorie de l’architecture) : l’accent porté sur la structure (Viollet-le-Duc, Histoire d’une maison), l’accent porté sur le revêtement (Gottfried Semper : texte d’introduction de Bruno Queysanne dans Le philosophe chez l’architecte de Chris Younès et Yves Mangematin + texte de Nold Egenter), peut-être une clé de la relation architecture – décoration. (à creuser : la question qui en découle, celle du style. Relire Malgré tout d’Adolf Loos)
B. « Ego et profondeur historique » pourrait être le titre de ce chapitre-là. Selon Giorgio Grassi, l’architecture c’est toutes les architectures qui nous ont précédés. Introduire au cœur de notre métier, dans son activité quotidienne une relation permanente avec l’histoire de l’architecture rend ce métier peut-être plus beau, certainement plus intéressant. Et l’architecte plus modeste, naturellement. (reprendre la bibliographie ‘modestie’ : Bernard Huet, Bruno Queysanne et René Borruey, Pierre Lajus dans le Débat…)
Deux ‘couples’ d’architectes fondamentaux : Adolf Loos & Aldo Rossi, Heinrich Tessenow & Giorgio Grassi. Et d’autres figures importantes : Bernard Huet, Maurice Culot (revue AAM, mettre en ligne l’interview par Jacques Lucan), Léon Krier pour ses dessins polémiques, José Ignacio Linazasoro (Le projet classique en architecture), Martin Steinmann (La forme forte), Luca Ortelli sur Asplund, les livres de Jacques Lucan… (ces trois derniers auteurs écrivent depuis longtemps dans la remarquable revue suisse Matières).
C. La typologie, les jeux de combinatoires sont au cœur de la constitution de l’architecture occidentale. L’exemple de l’ordre dorique -> Vacchini et le texte sur la Neue Nationalgalerie de Berlin par Mies van der Rohe. Les réminiscences anticipées: Aldo Rossi à Arcachon, Christian de Portzamparc sur la mer Adriatique…
2. L’anthropologie de l’architecture (« on se sent bien », adéquation satisfaisante de la forme à son usage), en deux grands groupes:
A. « Ego et sensibilité ». ‘Connais-toi toi-même’ nous recommande le philosophe. Quelle est notre relation – intérieure, intime – avec l’espace, avec l’architecture ? Comment la conscience nous met-elle en relation avec cette partie du monde, de notre expérience de l’espace ? La phénoménologie, discipline aux confins de la philosophie et de la psychologie, promet de nous aider à approfondir à cette question. La poétique de l’espace de Gaston Bachelard entrouvre le sujet. The Eyes of the Skin de Juhani Pallasmaa (cf. notice et textes sur ce site) et quelques autres textes du même architecte finlandais, traduits par nous, approchent le sujet, tournent autour, le cernent sans y pénétrer vraiment. A nous de jouer, d’exprimer la façon pragmatique de faire passer la phénoménologie du statut d’immense champ de culture spéculative en méthode efficace pour questionner la relation sujet–objet de l’homme et de l’espace (pour une phénoménologie appliquée, voir Natalie Depraz, Herbert Spiegelberg, Don Ihde). Mettre d’urgence en ligne le texte de Marc Richir, du corps vivant à l’institution symbolique (Le philosophe chez l’architecte).
B. « Utilité, art et usage » aimerait étudier la dimension anthropologique de l’architecture. De l’utilité (la raison d’être) à l’art (une certaine manière de faire quelque chose), de l’art à l’usage comme expérience vécue, ce sous-ensemble interroge les fonctions de l’art (Talon-Hugon) et les relations de l’architecture et de l’usage.
. Daniel Pinson, Usage et Architecture.
. Bruno Queysanne, Kant et l’architecture (quelques pages à mettre en ligne sur le site)
. Nold Egenter, Anthropologie architecturale.
. Bernard Rudofsky, L’architecture sans architecte, et bien d’autres titres dont Now I lay me down to eat (traduction d’Adeline Castéja prochainement sur le site).
. Alain de Botton, L’architecture du bonheur. L’intérêt d’une approche cultivée de l’architecture (et certainement bien conseillée) destinée au ‘grand public’.
. Jacques Pezeu-Massabuau, Eloge de l’inconfort (notes de lecture à venir).
. Saul Steinberg (cf. notice et images sur ce site).
. Amos Rapoport, E.T. Hall…
Arrimer plus solidement la question environnementale eu cœur de notre pratique. La techno-structure prend en charge la construction, la question de l’usage reste davantage de l’ordre de la morale : simplicité volontaire, sobriété heureuse, la part du colibri…
On peut construire et peut-être même faire de l’architecture (de l’art dans le domaine de la construction) sans s’encombrer de toutes ces notions. Mais on peut aussi penser que ces idées, en enrichissant nos vies, la rendent plus dense, plus intéressante.
Index chronologique de la page Culture :
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[07-11-2022] publication de Quirot | Simplifions
[31-05-2022] publication de Schilling | Eloge immodéré du vin de Bordeaux
[23-05-2022] publication de Saul Steinberg
[23-03-2022] publication d’Une architecture en Do majeur
[08-03-2022] mise à jour de Juhani Pallasmaa
[15-04-2021] publication de Juhani Pallasmaa